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Libération
Critique

L'ennui d'un dandy d'aujourd'hui.

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publié le 16 janvier 2002 à 21h41

Le Doux Amour des hommes de Jean-Paul Civeyrac est, dit-on au générique, «librement inspiré de l'oeuvre de Jean de Tinan». Il faut prendre cette inspiration au sens pulmonaire du terme. Tant par son sujet que dans sa manière de faire, Civeyrac semble en effet avoir inhalé l'esprit des livres de Tinan (1874-1898) pour l'exhaler présentement sur les écrans. Cet esprit étant un éther, le résultat est un rien halluciné. De fait, le dandysme, marque quasiment déposée par Tinan, est là, jusqu'au prénom du héros de Civeyrac, Raoul, qui est aussi celui du personnage principal de Penses-tu réussir? ou les diverses amours de mon ami Raoul de Vallonges, un des plus fameux romans «fin de siècle» (1897) de Tinan.

Boulimie. De cette fin de siècle au début du nôtre, la transposition fait florès: Raoul est donc un beau jeune homme d'aujourd'hui (Renaud Bécard, effectivement comestible), écrivain dans le coup (façon Mehdi Belhaj Kacem au mieux, Beigbeder au pire) qui vaque de fille en femme, ardent sur le champ mais vite las, s'adonnant au spectacle charmant et lamentable de celui qui s'emmerde à mort. Cette boulimie sexuelle et mondaine n'est pas seulement un donjuanisme. Certes, Raoul se dissipe entre un amour barré et un amour de perdition, mais ce faisant il tente d'apprivoiser une mélancolie de fond qui, effectivement, quelle que soit l'époque, est le mal du siècle. Et c'est ainsi qu'après une tentative plus ou moins con sciente de noyade (l'affaire est dans le lac), il décrète, «c'est