Personne ne peut nier le talent du cinéaste kazakh Darejan Omirbaev. Nous avons pu découvrir le monde de ce rêveur dès Kairat, son premier film réalisé il y a dix ans, l'admirer à nouveau dans Kardiogramma, le retrouver dans Tueur à gages. Avec la Route, sa dernière réalisation, ce talent se manifeste encore, mais avec des éclipses parfois longues.
Le personnage principal, Amir, est un réalisateur de cinéma de quarante ans qui vit une crise existentielle et morale. Il subit les pressions de la famille d'une de ses actrices (non professionnelle) qui proteste contre des scènes légères qu'il a tournées. Il semble aussi s'éloigner de son épouse (qui s'en aperçoit) et découvre qu'il n'est pas très bien considéré par ses contemporains qui préfèrent les films de karaté. Pour tout assombrir, la mère d'Amir est très malade. Il part en voiture la rejoindre dans son village lointain où il a passé sa jeunesse. Mais, après trois jours de route, il arrive trop tard: elle est morte.
Désenchantement. Apparemment, la Route est un film sur le désenchantement, peut-être alimenté par le blues d'un artiste plus célébré en France que dans son pays. Mais tout n'est pas autobiographique. L'épisode de la mort de la mère, central dans le film, et celui des pressions de la famille de l'actrice ont été inspirés par des avanies vécues par des proches. «Un membre de ma famille est arrivé en retard à l'enterrement de sa mère; c'était un drame, car, pour les Kazakhs, la famille a une énorme importance», a ex