Passant devant l'affiche de The Château, le chaland cinéphile doit savoir qu'il risque une mauvaise chute. C'est qu'on a rarement vu ça en guise d'accroche: un grand black, vêtu d'un slip blanc échancré, se tenant arc-bouté, un téléphone portable vissé à l'oreille droite. En arrière-plan, un ancestral castel qui, affublé d'un préfixe anglais, donne son nom à cette fantaisie.
Un héritage. The Château kesako? Un ovni. Un film américain, coûtant moins cher qu'une seconde du Seigneur des anneaux, tourné en France, à Pithiviers, en DV et selon des règles d'unité de lieu et de personnages (six en tout et pour tout) que le cinéma avait délaissées depuis la haute époque du «Kammerspiel berlinois» (aux alentours de 1922), tout ça entouré d'une équipe d'acteurs et de techniciens à dominante française. Parmi eux, Sylvie Testud, une de nos idoles, dont le talent rehausse à chaque apparition la qualité du cinéma français. Rien moins.
Tout commence bien sûr en rase campagne, par une nuit d'hiver, quand deux Américains, un Blanc (en tongs) et un Noir (en costume cravate), frères par ailleurs, se présentent sur le perron d'une demeure dont ils sont, par héritage d'un vieil oncle farfelu, les nouveaux propriétaires. Les quatre domestiques, peu résignés à jouer les ladrins pour deux ahuris directement échoués d'une finale du Superbowl, les cueillent avec froideur.
De leur côté, Graham et Rex, quoique charmés par le magnétisme séculaire du lieu, envisagent mal à long terme de noyer le demi-millia