Avant un spectacle, la salle bruisse de conversations, de journaux compulsés et de bonbons dépapillotés. Sur la scène des Ouvertures sont de Jacques Rebotier, quand le public s'installe, un homme marche de long en large dans un décor sépulcral, voilé par un rideau de gaze, avec au centre, la découpe d'un écran plat de télévision géante. Lorsque le noir se fait, les bruits du public sont aspirés de l'autre côté, c'est tout le plateau qui résonne de conversations feutrées, on est passé en douceur de l'autre côté du miroir. Puis, plus rien. Rien qu'un visage, comme suspendu au milieu de la scène. De quoi parle-t-il? Du langage justement, de sa mécanique première, pneumatique, le souffle, l'inspiration et l'expiration: «on peut parfaitement observer sa parole sous l'angle des ouvertures et fermetures successives réglant le débit de l'air. Mais le risque est grand de ne plus comprendre ce que l'on dit.» Prenons le quand même.
Bouche à oreilles. Résumons l'intrigue: la scène se passe dans un crâne. Puis deux, car Océane Mazas rejoint le premier homme, Eric Frey, sans que leur propos viennent constituer la moindre ébauche de dialogue. Il s'agit donc d'une conversation intérieure, les gestes sont réduits au minimum, pour que l'on se concentre sur les corps des protagonistes, et plus encore sur leur voix, ou, comme le dit Rebotier, sur leur bouche: «Voila, rester là, la bouche, et ce qui en sort, le fil de la voix, la mécanique de souffle, tentative de rentrer par cette usine-là, par