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Libération

Et Cela ne choquera plus personne.

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Mort du prix Nobel de littérature 1989.
publié le 18 janvier 2002 à 21h43

Camilo José Cela est mort, cela lui pendait au nez, tous ceux qui parlent de la mort sans respect sont à peu près sûrs d'y passer. Il disait: «La vie de l'homme est une farce que l'on devrait siffler», il avait 85 ans, il aimait rire, il n'aimait pas tellement que l'on rie de ses blagues, il préférait inquiéter. Lorsqu'il reçut le prix Nobel en 1989, il dit qu'il l'attendait depuis l'âge de sept ans, depuis son premier poème. Son humour était assez anglais pour qu'on ne le comprenne pas toujours, il disait que c'était à cause de sa mère (née Trulock y Bertorini), une langue, l'anglais, dont il s'appliquait à ne pas comprendre le moindre mot bien qu'elle fût, comme le galicien et le castillan, l'une de ses trois langues maternelles.

Il était né le 11 mai 1916 à Ira Flavia près de La Corogne et publia à 26 ans son oeuvre la plus célèbre, la plus brutale, qui secoua l'Espagne endolorie de franquisme: la Famille de Pascal Duarte où un petit paysan d'Estremadure tue pour la seule raison que la violence lui est naturelle. Le livre fut interdit dès sa deuxième édition en 1942 pour immoralité. On en connaît aujourd'hui plus de 1500 éditions différentes et il est étudié dans toutes les écoles castillanes. Son deuxième roman, celui qu'il préfère, la Ruche, faute d'imprimatur, fut publié à Buenos Aires. Puis il devint un écrivain prolifique, à la fois craint, honoré et suspect, s'aventurant dans tous les domaines: romans, poésie, théâtre, journalisme, contes, érotisme, linguistique, aut