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Libération
Critique

A mille banlieues de l'Algérie.

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publié le 19 janvier 2002 à 21h44

Empruntant leur nom au succès du groupe de rap 113, Les Tontons du bled rassemblent les chanteurs kabyles Akli Yahyaten et Louiza, un autre Kabyle enfant de la Casbah algéroise, Salah Saâdaoui, le ténor du genre chaâbi d'Alger, Amar Lachab, le titi du raï canaille d'Oranie, Bouteïba Sghir, et Kamel Hamadi, le prolifique et plus complet compositeur algérien qui s'est essayé à toutes les musiques de son pays. Les cinq «tontons» et «tata» Louiza représentent admirablement ce chant de l'immigration algérienne, dont les premiers bataillons de travailleurs kabyles ont débarqué en France vers 1890.

Le blues du bled. A leur suite, sont venus des dizaines de milliers d'autres ouvriers maghrébins qui ont trimé dur, péri pendant les deux guerres (25 000 Algériens lors de la Première Guerre), vécu dans le silence en écoutant le blues de leur bled délaissé. La France les a ignorés, ainsi que leur chant, pendant des décennies. Aujourd'hui, les enfants de cette histoire culturelle font essentiellement du rap et parlent de leur bled à eux, les cités périphériques de France.

L'autre bled, lui, a été chanté ici par Cheikh Larbi Bensari (1867-1964), premier musicien professionnel algérien à avoir foulé le sol métropolitain lors de l'Exposition universelle de 1900. C'est-à-dire huit ans avant l'ouverture des premiers «cafés arabes» animés par des ouvriers musiciens amateurs à Paris. Aujourd'hui, les Tontons expriment la litanie et les petits bonheurs de plus d'un siècle de musique immigrée algéri