Menu
Libération
Critique

Dussollier ne nous le fait pas dire.

Article réservé aux abonnés
par
publié le 22 janvier 2002 à 21h45

Il récite, il parle, il discute, il soliloque. Quel verbe s'accorderait le mieux pour signifier ce que fait André Dussollier tout de noir vêtu sur la scène avec, pour seuls comparses, un fauteuil et un pouf rouges? Peut-être simplement dire. Le comédien dit des textes, certains en vers d'autres en prose, écrits par des écrivains d'autrefois et de naguère. Et même de maintenant, puis que le vitriolique Roland Dubillard en a signé quatre. Le doyen des auteurs n'est autre que Molière avec un extrait de Dom Juan, talonné de près par l'abbé de Lattaignant qui glose autour du mot et de la chose, mais pas du tout à la manière de Michel Foucault.

Tact. Dussollier est lui-même coutumier, à sa façon, du mot et de la chose dans la mesure où la lecture publique est un exercice qu'il pratique et apprécie depuis belle lurette. L'année dernière à Reims, il avait notamment lu la Lettre au père de Franz Kafka. Manifestement, il aime dire. Davantage peut-être que jouer. A moins que dire soit la quintessence du jeu, qu'un comédien existe d'abord par sa voix avant d'être saisi dans le dispositif d'une mise en scène.

La voix de Dussollier a ceci de particulier qu'elle slalome avec plus d'adresse entre les voyelles palatales qu'entre les nasales, de sorte qu'il articule mieux «donc je marche vivant dans mon rêve étoilé» que «l'homme est plein d'imperfections», ce qui ne l'empêche pas de goûter avec un égal plaisir la poésie du premier (Victor Hugo) que la prose du second (Alphonse Allais).

Car ici,