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Libération
Interview

«La trilogie de mes émotions d'enfance»

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publié le 23 janvier 2002 à 21h46

Aktan Abdykalykov n'est pas un inconnu pour les cinéphiles. Le Fils adoptif, son précédent film ­ sorti à Paris il y a près de trois ans ­ fut pour beaucoup un choc. On découvrait un cinéma inédit, qui se passait de mots et allait vers la beauté, en provenance d'une région émergeant de l'effondrement de l'Union soviétique, la Kirghizie. Commençant sa carrière en 1981 comme décorateur pour les studios d'Etat Kirghiz-film, il signe la décennie suivante quelques courts métrages époustouflants (Un chien courait, la Balançoire) avant de réaliser Où est ta maison, escargot?, encore inédit en France, premier volet d'une trilogie sur l'enfance que le Singe vient clore.

Pas du cinéma. «On me demande souvent d'où viennent mes images. Probablement d'expériences vécues, d'émotions picturales, mais assez peu du cinéma lui-même. On a rapproché mes films de ceux de Fellini, par exemple. C'est un hasard bienheureux. J'ai vu peu de films en général, peu des siens en particulier, mais ils m'ont évidemment marqué.

Un flux silencieux. «Je suis resté longtemps et philosophiquement silencieux. Je suis peintre de formation. Puis un jour, la peinture n'a plus suffi. Le cinéma, je l'ai découvert en étant décorateur. Ça a duré dix ans. J'ai compris le langage en observant les tournages, de loin, puis en me risquant sur des courts métrages. Je me suis approprié la langue du cinéma pour arriver à raconter l'intime, le fugace, l'impression, mais sans pesanteur. Pouvoir parler, mais avec des images. Je rec