Par une coïncidence joyeuse, l'un des lieux centraux de Porto de mon enfance, un Oliveira en apparence mineur, est une confiserie, dont la voix du maître nous précise qu'elle fut la plus réputée dans Porto au début du siècle dernier. Cette maison des plaisirs sucrés n'a d'autre nom que la Confiserie Oliveira (sans appartenir pour autant à la famille du futur cinéaste). On ne pouvait rêver meilleur cadre pour un film qui garde en lui un goût insistant de madeleine. Proustien, cet adjectif un peu mode, Oliveira peut mieux que quiconque se l'approprier. Non parce qu'il se souvient, mais justement parce qu'il se souvient mal, de travers et de traverse (aucun «événement» notable). Et car ce qu'il se remémore est d'essence parfumée (une actrice, un dancing, un café) et peut-être aussi parce qu'il avait sept ans à Porto lorsqu'en France paraissait le premier tome de la Recherche.
Antidote. Sept ans. Oliveira est de 1908. Il a 93 ans. Ce film est son deuxième en cinq mois, un prochain devrait suivre au printemps (à Cannes?), et la préparation d'un quatrième a été annoncée solennellement la semaine passée, puis deux suivront avec Malkovich autour de la figure d'Oscar Wilde... On a beaucoup écrit sur son «cas» de seul cinéaste encore en activité à avoir débuté sa carrière au temps du muet, et sans doute aussi le seul à être entré, à 80 ans, dans la phase la plus prolifique de sa carrière (treize films, beaux à pleurer). Anonner ces informations de dictionnaire est nécessaire pour mesur