Ceux qui douteraient encore qu'Yves Saint Laurent a inventé non seulement la garde-robe des femmes de la deuxième moitié du XXe siècle (et suivant) mais surtout la silhouette moderne qui va avec (c'est dire débarrassée, qu'on soit en Saint Laurent ou pas), ont dû en démordre hier soir à l'issue de l'ultime défilé du maestro après 40 ans de services. L'action se situait, à la limite du pléonasme, au centre Pompidou, dans un musée d'art moderne. «Ils ont mis le paquet» commentait une ancienne. En effet: le top du gratin des clientes fidèles placées à l'ancienne devant leurs maris, une certaine idée de la jet set (Paloma Picasso, Jeanne Moreau, Anouk Aimée, Ingrid Caven) et de la cohabitation (madame Mitterrand, à gauche, Bernadette Chirac, à droite). Mais bientôt le spectacle ne fut plus dans la salle: plus de 300 modèles sur une centaine de mannequins (dont Katoucha-le-retour et la toujours pimpante Jerry Hall) pour un défilé rétrospective des origines (1962) jusqu'à nos jours.
Bien que la présentation ait débuté par un standard (caban de marin sur pantalon blanc) et se soit refermée sur le patrimoine maison (un lâcher de 80 ensembles smokings), la bonne idée fut de battre les cartes de la chronologie, si bien qu'on ne pouvait plus discerner ce qui datait d'hier ou ce qui avait été créé spécialement pour aujourd'hui. N'était le regard perçant d'aficionados qui, à une carrure trop épaulée ou à la trace d'un début de patine sur le velours, pouvaient expertiser un modèle de 1968