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Critique

Brecht astral

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Entre gravité et burlesque, une «Vie de Galilée» inventive au Théâtre national de Bretagne.
publié le 24 janvier 2002 à 21h47

«Il ne sait pas dire non à un vieux vin ou à une pensée neuve»: en quelques mots, le pape dresse de Galilée un portrait fidèle, celui d'un jouisseur qui «pense par tous les sens». Cet amoureux de la vie n'a pas la moindre envie de finir comme Giordano Bruno, brûlé à Rome en 1600. D'ailleurs, le cardinal inquisiteur en fait le pari: dès qu'on lui aura montré les instruments de torture, il se rétractera. «Cela suffira. Monsieur Galilée s'y connaît en matière d'instruments.» Nous sommes en 1633 et Galilée accepte d'abjurer ce que Copernic avait imaginé plus d'un siècle auparavant et que lui-même observe tous les jours dans son télescope: «la Terre roule joyeusement autour du Soleil». L'Eglise tente encore, contre l'évidence, de maintenir sa vision de l'univers héritée du système de Ptolémée, avec la Terre immobile au centre et des astres fixés à des sphères de cristal qui lui tournent autour.

C'est en 1938 que Bertolt Brecht, exilé au Danemark, commence à écrire la Vie de Galilée. «J'ai été aidé, expliquera-t-il dans sa correspondance, dans la reconstitution de la conception de l'univers de Ptolémée par des assistants de Niels Bohr qui travaillaient sur la fission de l'atome. Mon intention était [...] de donner l'image d'une ère nouvelle.» Sept ans plus tard, alors qu'il travaille à Los Angeles avec Charles Laughton à une version anglaise de sa pièce, Hiroshima scelle le début de l'âge atomique.

«Regard obstiné». Depuis, la Vie de Galilée s'est imposée comme l'une des oeu vres ma