On lui connaissait au moins un hit monumental. Cette version surboum et sensuelle, gravée en 1957 avec le batteur Shelly Manne et le contrebassiste Red Mitchell, du Fever de Cooley et de Davenport, qu'Elvis Presley transformera ensuite (1960) en tube planétaire (entretemps, Gabriel Dalar aura utilisé les services du traducteur Boris Vian pour enregistrer, en 1959, 39 de fièvre, l'un des premiers 45 tours de rock français).
Une enfance abominable. Mais Norma Dolores Egstrom, alias «Peggy Lee», avait précédemment interprété, avec succès, quelques remarquables titres, dont Why Don't You Do Right ou encore le déchirant Black Coffee, qui prône l'abus de la caféine et de la nicotine afin de lutter plus efficacement contre le cafard. Car Peggy Lee avait le blues (Peggy Sings the Blues sera d'ailleurs le titre de l'un de ses derniers disques), comme l'on dit en franglais. A savoir que d'humeur plutôt sombre, elle s'avouait naturellement portée sur la mélancolie. Pourtant, elle n'était ni noire ni originaire du delta. Mais native de Jamestown, Dakota-du-Nord, et d'ascendance scandinave. Mais outre le fait qu'elle avait appris à chanter dans une chorale paroissiale, elle avait également vécu une enfance abominable, placée sous le signe de la maltraitance. Orpheline de sa mère dès l'âge de 4 ans, elle a été élevée par une marâtre qui la frappait quotidiennement, après que son père eut abandonné le domicile conjugal. Calvaire qui donnera ensuite matière à une chanson: One Beating a Day.
L