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Libération
Interview

«Donner un sens culturel à la technologie»

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publié le 25 janvier 2002 à 21h48

John Maeda, 35 ans, a déjà à son actif une somme de prix et d'expositions internationales, de publications de livres et CD-Rom (la série des Reactive books, dont on désespère de voir l'édition en France)... Début janvier, à Paris pour le Salon du meuble, il affichait l'élégance discrète et la modestie d'un grand, portant un regard amusé et sévère sur ses pairs.

«Chaque programme informatique est comme un arbre, qui grandit de version en version. Au début, l'arbre est normalement grand, puis il l'est de plus en plus et finit par être géant. Il se peut, pourtant, que personne n'ait jamais besoin de certaines branches et qu'au contraire, d'autres n'existent pas dont j'aurais l'usage. Ma programmation est toujours hors de l'arbre, autour des logiciels. En même temps, cette course à la technologie pour la technologie limite la créativité. Aujourd'hui, quoi que je veuille faire avec un programme, je sais comment le faire. Mais programmer est ennuyeux... Pour changer de paradigme, il faut modifier l'image même de cette culture et se mettre au service d'une certaine écologie de l'expression. Un ami développeur me racontait à quel point il était content que son modem soit cassé parce qu'il pouvait à nouveau être constructif. Quel est l'esprit de l'ère de l'information? Comment donner du sens culturel à cette révolution? On a gâché toute une génération en oubliant l'éducation. Au MoMA, un de mes étudiants, à qui je montrais la Roue de bicyclette de Duchamp comme étant la première oeuvr