Avec John Maeda, le paradoxe n'est qu'apparent: il tourne le dos à la technologie alors même qu'elle lui a permis d'accéder à la notoriété internationale. Il affirme avoir «perdu la foi en la machine», alors qu'une rétrospective de son oeuvre à Tokyo l'an dernier l'a porté aux nues, que ses créations l'ont rendu célèbre auprès d'un public grandissant de graphistes en herbe, webdesigners et architectes du numérique. Et que Colette, temple hype des gadgets dernier cri à Paris, lui consacre une exposition.
Mais John Maeda, Américain d'origine japonaise, en a fini avec l'écran. L'interactivité, le design numérique, l'art digital entrent dans les musées et les moeurs? Lui est déjà un pas plus loin, aux avant-postes d'une révolution «less-tech», mot-valise qu'il a inventé en opposition aussi bien au high-tech (le penchant pour la haute-technologie) qu'au low-tech (par opposition au précédent, le refus de la technologie). Avec ses entrées au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston, le temple américain de la recherche et des expérimentations les plus farfelues, il pourrait camper un rôle de gourou techno: il a préféré démissionner en début d'année de son poste de codirecteur du Medialab, le laboratoire des nouveaux médias, pour ne conserver qu'un poste de professeur de design et programmation. Manière, sans doute, de ne pas affronter au quotidien l'optimisme forcené de «ces techniciens qui pensent que les nouvelles technologies vont sauver les pauvres du tiers monde».
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