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Libération
Critique

Streuli flashe sur Marseille.

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publié le 25 janvier 2002 à 21h48

Pendant quinze jours, en 1998, Beat Streuli s'est installé sur les trottoirs de Marseille, dans deux ou trois quartiers différents, en mission photographique pour le Centre national des arts plastiques. Marseille, aujourd'hui projeté à Pontault-Combault, est le résultat de cette commande publique sur la jeunesse qui appartient désormais au Fonds national d'art contemporain. Soit 292 photographies qui composent, en 33 minutes, un portrait grandeur nature de Marseillais pris dans la rue, à la volée et en couleurs. «Ce n'est pas une recherche pour faire des statistiques, précise l'artiste suisse, qui vit à Düsseldorf, là n'est pas mon but. Je cherche des images qu'on a en mémoire, comme des images déjà filtrées.» C'est un spectacle extraordinairement vivant, très fluide, d'autant plus que les trois projecteurs ne cessent de se relayer et de souffler sur le mur une infinité d'images et de personnages, comme dans un bouche-à-bouche perpétuel. Sur l'écran, une foule d'anonymes, de tous âges et de toutes nationalités, surpris dans des attitudes banales et qui paraissent pourtant extraordinaires, comme si chaque modèle ainsi capturé révélait en un flash un peu de cette lumière intime que chacun cache au fond de soi.

Ce qui rend Marseille attachant tient sans aucun doute à la particularité de Beat Streuli, qui photographie avec un téléobjectif afin de ne pas être vu. «Je suis entre 6 et 10 mètres du sujet, parfois un peu plus loin. J'utilise le téléobjectif parce que cela crée des fon