La traditionnelle rivalité entre les deux principales villes d'Espagne n'a rien d'un mythe. En Catalogne (Barcelone compte 6,3 millions d'habitants), tous les prétextes sont bons pour se mesurer à la grande concurrente (5,3 millions d'habitants). La presse régionale publie d'ailleurs régulièrement des études comparatives, secteur par secteur. Force est de constater qu'à l'inverse du début des années 90, c'est la capitale qui s'impose, à la faveur d'une croissance économique plus forte.
D'après une étude publiée fin octobre par l'Université autonome de Madrid, la ville connaît une croissance de 18,6 % dans le domaine de la culture et du loisir, contre 11,8 % en Catalogne. Et, entre 1993 et 1997, 48,2 % des ventes de biens culturels ont eu lieu dans la région de Madrid, contre 29 % en Catalogne.
En une décennie, les grandes industries culturelles ont progressivement quitté Barcelone pour Madrid. Avec une dizaine de films par an, et malgré de brillants jeunes réalisateurs (Rocha, Guerin, Balaguero...), le cinéma catalan n'est plus que l'ombre de lui-même, l'essentiel du secteur étant concentré dans la capitale. Idem pour la publicité, l'industrie du disque et, surtout, l'audiovisuel. «On produit beaucoup d'émissions, mais le centre décisionnel est à Madrid, reconnaît Ferran Mascarell, de la mairie de Barcelone. C'est là-bas que résident les directions des chaînes privées et des bouquets digitaux.»
Barcelone reste la place forte de l'édition grâce à la présence du groupe Planeta