Stockholm
de notre correspondant
La mort, lundi à Stockholm, de l'écrivain pour enfants Astrid Lindgren, à 94 ans, prend des allures de drame national en Suède où elle avait quasiment un statut de vice-reine. Reine de coeur à coup sûr, tant elle a marqué des générations de Suédois depuis la naissance, en 1945, de son personnage fétiche, Pippi Langstrump, alias Fifi Brindacier pour les jeunes Français. Fifi, c'est cette fillette aux cheveux rouge carotte et à la figure criblée de taches de rousseur, petite anarchiste pleine d'humour et de bonté à la force herculéenne. Qui a aussi son franc-parler, surtout avec les adultes. «Astrid Lindgren regardait toujours en se plaçant du point de vue des enfants, jamais celui des adultes», raconte Ingrid Elam, critique littéraire. Cette Fifi anarchisante ne plaisait pas à tout le monde, faut-il le préciser. Dans la première version française publiée au début des années 60 («Bibliothèque rose»), la censure avait allégrement supprimé des chapitres entiers, partout où l'autorité du monde des adultes était remise en cause. Erreur réparée par la traduction de 1995, chez Hachette-Jeunesse.
Tabou. Astrid Lindgren, fille d'un paysan conteur, avait passé son enfance dans une société rurale, conformiste et religieuse du sud de la Suède. Raconter du point de vue de l'enfant l'avait incitée à écrire une histoire sur la mort, les Frères Coeur-de-Lion, à une époque où évoquer ce sujet aux petits était tabou. Elle y racontait l'aventure de Skorpan et de so