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Libération
Critique

«Café de la plage» parfois s'enlise.

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publié le 30 janvier 2002 à 21h51

Café de la plage est inspiré d'une nouvelle du «couple» d'écrivains Mohammed Mrabet ­ Paul Bowles. Le scénario a été écrit par une autre «couple»: Benoît Graffin (par ailleurs réalisateur du film) et André Téchiné. Cette dualité au carré est à la fois la richesse et le souci du film. L'histoire voit double, en effet. D'une part, elle s'intéresse à la connexion entre Driss, un jeune homme de Tanger vivant d'expédients, et Fouad, un vieil homme acariâtre qui tient un cabanon du bord de mer, emphatiquement appelé Café de la plage. D'autre part, elle explore la liaison entre Driss et quelques filles, Betsoul, fiancée officielle et libertaire, Zineb, jeune femme nettement plus traditionnelle, et Malika, sympathique dévergondée.

Toute l'énergie du film est mise au service de ce va-et-vient. Celle des acteurs est sidérante: Ouassini Embarek (Driss) qui réussit à instiller la fêlure dans ce qu'on croit être un bloc de virilité infrangible. Jacques Nolot (Fouad) qui fait passer la convention du misanthrope face à la mer, mais aussi et surtout les filles, Leïla Belarbi (Betsoul), Dalia Amrani (Zineb), Meriem Serbah (Malika) qui, chacune à la fenêtre de son rôle, suggèrent une singularité imprévisible. Betsoul affiche sur son corps (teinte en blonde) une liberté qui n'est peut-être pas aussi intime qu'elle le dit, Zineb la prude prête à toutes les anarchies pour son amour prospère, Malika, fille perdue mais pas paumée pour autant. Et dans cet esprit d'impromptu, Café de la plage est au