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Libération
Critique

Ecart d'identités.

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publié le 30 janvier 2002 à 21h51

Au début de l'Afrance, dans un bric-à-brac tenant lieu de scène d'exposition, on a le temps de se dire que les films traitant de la question des racines et de l'identité ne nous intéressent pas beaucoup et que celui-là, avec son personnage d'étudiant africain à Paris, El-Hadj (Djolof Mbengue), dissertant sur sa «sénégalitude», pourrait bien nous avoir déjà fatigués. Mais ce premier long métrage d'Alain Gomis s'avère vite nettement plus subtil, et creuse intelligemment les questions d'appartenance et d'identité non sur le versant d'une essence nationale ou ethnique toujours à retrouver, mais comme une construction aléatoire en fonction de situations toujours changeantes. Son identité est un champ de forces tout en contrastes et contradictions.

Parce qu'il a oublié de renouveler sa carte de séjour, El-Hadj se retrouve en prison, et quand il ressort, il se sent exclu à la fois de son pays d'origine, le Sénégal, et de son pays d'accueil, la France. Venu de l'ex-colonie encore humiliée, il est par l'ex-pays colon toujours humilié. En séquences précises, filmées avec simplicité, Gomis met en scène un processus de perdition où un homme voit s'étioler toutes ses convictions au contact de ses amis, de ses collègues, de sa maîtresse française ou de ses parents restés au pays.

A la recherche de quelque chose, en lui, de fondamental, qui pourrait lui donner une raison d'exister, il ne trouve plus que sables mouvants, réactions floues, horizon lointain. Quand il joue à l'intellectuel afric