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Libération
Critique

Taxi-movie sans frein.

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publié le 30 janvier 2002 à 21h51

Le plus captivant d'Un taxi à Pékin, film de la réalisatrice chinoise Ning Ying, n'est pas tant dans ce qu'on croit (la fiction) que dans ce qu'on voit (le documentaire). Derrière l'affaire de Feng De, jeune chauffeur de taxi pékinois qui vaque de divorce en nouvelle épouse, ce qui capture la curiosité c'est le spectacle de la mégalopole chinoise en pleine éruption, titanesque work in progress dont la frénésie immobilière ne risque guère de s'apaiser puisque Pékin a été élu ville olympique pour les jeux de 2008.

Arrière-mondes. La réalisatrice semble elle-même dans cet état de strabisme divergent: un oeil sur ses petits personnages, l'autre sur sa grande ville en chantier à laquelle elle a déjà consacré deux films, Jouer pour le plaisir, en 1992, et Ronde de flics à Pékin, en 1995. Cet écartèlement donne au film son caractère un peu louche. Avec bénéfice lorsque, traînant en ville, la caméra déniche à la volée les arrière-mondes qui pullulent derrière la façade du «miracle» chinois. Provinciaux déboussolés qui imaginent qu'on peut prendre un taxi sans payer, ouvriers fantomatiques sur les chantiers la nuit, mondains plus ou moins mafieux s'adonnant à la dolce vita locale dans le clair-obscur de quelque night-club permissif (ces filles-là sont-elles des femmes?), déclassés exténués qui vivotent dans les arrière-cours en rêvant de marques étrangères (Gucci ayant la faveur, parce qu'en chinois le nom sonne bien).

Blagues salaces. A cet égard, la plus belle scène de ce ciné-report