Il demande tout à son directeur photo. Qu'il soit simple et de forte personnalité. Artiste et artisan. Homme de pouvoir et de bonne composition. Qu'il soit sur la même longueur d'onde ou qu'il s'oppose. Qu'il reste à sa place ou qu'il veuille aussi faire de la mise en scène... C'est dans cet étrange rapport entre le metteur en scène et son directeur photo ou chef op', les deux appellations sont souvent mêlées, que nous fait pénétrer le livre de Dominique Maillet et Sylvie Biscioni. Mais du point de vue des metteurs en scène.
Transferts. Le choix des couples réunis dans le livre est d'abord surprenant. Pourquoi Xavier Beauvois et pas Benoît Jacquot pour parler de Caroline Champetier ? Pourquoi Amos Gitaï et pas les Straub-Huilliet pour Renato Berta qui a travaillé sur six de leurs films ? Pourquoi Martine Dugowson et pas Claude Lanzmann pour Dominique Chapuis qui a tourné Shoah ? Et surtout pourquoi Pierre Schoendoerffer et pas Jean-Luc Godard pour Raoul Coutard dont le nom est si souvent accolé à la nouvelle vague ? Ces choix, pas toujours évidents, ont le mérite de débusquer de curieux transferts entre réalisateur et directeur photo.
Comme cette inquiétude ou cette jouissance ressenties par le premier à confier son désir à un autre. De faire percevoir un peu de cette nerveuse alchimie des tournages. «Sur certaines scènes, explique François Ozon, je sais exactement ce que je veux, mais, parfois, j'ai seulement le pressentiment de ce qui va se passer : je peux avoir envie de fi