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Libération

Harold Russell passe la main.

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L'acteur américain, amputé des poignets, est mort à 88 ans.
par Florence GARNIER
publié le 4 février 2002 à 21h57

Sur sa photo la plus fameuse, aux oscars de 1947, Harold Russell tient deux statuettes avec ses prothèses: une comme meilleur second rôle masculin, et un oscar spécial comme «source d'inspiration» pour tous les soldats esquintés de la Seconde Guerre. L'ancien sergent est mort jeudi de crise cardiaque, chez lui à Needham, Massachusetts, à 88 ans.

Ancien boucher, Russell s'était engagé après Pearl Harbor, parachutiste, puis expert en démolition. Le jour du débarquement, en Caroline du Nord une charge de TNT lui emporte les deux mains. Amputé, Russell devint si habile avec ses crochets que le futur réalisateur hollywoodien Joseph Newman le filma dans un documentaire de l'armée, Journal d'un sergent. William Wyler l'ayant vu là, le fit engager par Samuel Goldwyn à 250 dollars la semaine. Ses scènes avec Theresa Wright étaient si émouvantes qu'il battit les vétérans Claude Rains, Clifton Webb, Charles Coburn, aux oscars. Goldwyn le salaria un an à promouvoir ce succès.

Poursuivant ses études à Boston, selon son autobiographie Victory in my Hands, fondant une compagnie de relations publiques, en 1964 Russel est nommé président d'un comité sur l'emploi des handicapés par Lyndon B. Johnson. Jouant sporadiquement pour le cinéma et la télé, il défraie la chronique de 1992 en mettant en vente son oscar du second rôle. Le président de l'Academy veut l'en dissuader, mais Russell trouvera preneur pour 60 000 dollars. «On n'était pas aux abois, devait-il expliquer, mais on a des tas d'en