Dans un coin, un platane avec feuilles d'automne, plus vrai que nature, flanqué d'un banc zen accordé aux minces et très esthétiques lattes de l'estrade où se tient le personnage dit Gorgias, un peu hautain. Tout à l'opposé, une chanteuse (Géraldine Charbaut) lance le jeu du haut des larges marches, avec coussins transformant la salle en une idée d'agora, close telle un carré parfait par de légers rideaux, dorés sous la lumière. Tout comme Polos, Chéréphon et Calliclès, le protagoniste (essentiel) dénommé Socrate est ici pieds nus et vêtu de blanc ivoire. As de la dialectique, il a l'air de ne pas y toucher lorsqu'il demande au suffisant Gorgias, ce qu'il est: oui, répondre à cette question simplement, comme un fabricant de chaussures répondrait qu'il est cordonnier.
A la façon obstinée d'un garde rapproché, Polos s'interpose, mais Socrate est matois, et regarde Gorgias droit devant: «Quel est l'art que tu connais?»; le beau parleur cède et cela donne: «La rhétorique, Socrate.» Le questionneur rétorque: «Il faut donc t'appeler orateur?» Les reparties s'emballent et, du pouvoir de convaincre, on en vient à vouloir savoir de quoi on parle, et à la différence entre savoir et croyance, et à la flatterie, cette contrefaçon d'une partie de la politique, si laide que lesdits orateurs en deviennent des tyrans, et là survient l'injustice!
On pourrait continuer ainsi à aligner les thèmes découlant les uns des autres, on en vient même à discuter de l'idée d'un surhomme, d'êtres plus inte