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Libération
Critique

L'Italien et le Français al Dante.

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publié le 4 février 2002 à 21h57

Des moments de la Divine Comédie mêlés à des textes de Primo Levi et Ossip Mandelstam qui ont vécu l'enfer des camps et celui du goulag, de James Joyce, qui a réinventé Ulysse... Soit on connaît parfaitement ces auteurs, et sans doute alors, ressent-on du plaisir à les retrouver, et la satisfaction d'en appeler à sa mémoire. Soit on les connaît juste un peu ­ ou pas du tout ­ et après un temps d'adaptation, le simple plaisir que l'on ressent à entendre la poétique musique de leurs paroles est immense.

Lukas Hemleb, lui, connaît. Il voit dans la Divine Comédie un théâtre qui contient l'univers. Il a choisi, assemblé les fragments, les a liés dans et par les voix de quatre comédiens (Charlie Nelson, Grégoire Oesterman, Julie Recoing, Lucie Valon) et un chanteur (Vincent Pavesi). Metteur en scène d'opéras, il compose ses spectacles en forme de symphonies. Ici, il mêle les musiques autant que les textes. Voix et corps apparaissent comme les instruments d'un étrange concert qui, peu à peu, s'amplifie, prend possession de la scène.

Il y a les monologues, les phrases qui se répondent, la voix chaleureuse de Vincent Pavesi chantant Dante en italien. L'Italien et le Français, les deux langages sans cesse se joignent, se redoublent, se reflètent comme en un miroir sonore.

Navigation. L'espace s'ouvre par le fond, dévoilant dans l'ombre deux musiciens cachés par leur instrument, et derrière, des lieux indécis qui semblent appartenir à d'autres mondes. Les lumières dansent, isolent les per