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Libération
Interview

Brian De Palma «Je fais du cinéma politique»

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A l’occasion d’une rétrospective à Beaubourg, Brian De Palma revendique sa paranoïa et livre son «message».
publié le 5 février 2002 à 21h58

Pour les cinéphiles, à travers le monde, il fait figure de «cinéaste absolu», de metteur en scène par excellence. Depuis trente-cinq ans, Brian De Palma a aligné les preuves de sa virtuosité: Carrie, Obsession, Pulsions, Furie, Blow out, Scarface, l’Impasse, Mission impossible, Snake Eyes... Hors des milieux cinéphiles, pourtant, De Palma existe-t-il? Hollywood se méfie de lui, qui a connu davantage de déboires que de succès; le grand public l’ignore, même s’il va voir les acteurs de ses films, De Niro ou Al Pacino; les intellectuels le méprisent, lui collant l’étiquette de «faiseur». Brian De Palma, 61 ans, a-t-il quelque chose à dire? Réponse au bar d’un hôtel parisien.

Pour Godard, «le cinéma, c’est 24 fois la vérité par seconde»; pour vous, c’est 24 fois le mensonge par seconde?

Godard est un brillant cinéaste et théoricien, mais le cinéma a mis au point le plus important arsenal de manipulation de la vérité jamais imaginé... C'est une question d'époque: quand Godard dit cela, pendant la nouvelle vague, on redécouvre l'idée que le cinéma doit coller à la vérité de la vie pour être authentique, toucher les spectateurs, voire pour changer le monde. J'ai eu la même croyance, étudiant dans les années 60. Mais j'ai vu aussi comment on manipulait les images et les sons, avec l'assassinat de Kennedy, le Viêt-nam, puis le Watergate. C'est une évolution: ma génération, en Amérique, a vu la vérité confisquée par le pouvoir politicien, a été témoin d'une manipulation à grande