Sensible aux climats délétères, Zézé Mago parsème son troisième album d'éclaircies, comme si les orages avaient la couleur d'un ciel de printemps. Sur la pochette de Courant d'air, le chanteur présente son nuancier en posant tout de noir vêtu sur fond de docks havrais orangés. Enregistré dans la ville portuaire (à l'instar de NOsEX, en 1997), ce nouvel effort évite les guitares saturées comme lorsqu'on repousse une présence trop étouffante pour traduire exactement ses pensées.
Paroles naïves. Il semble loin, le temps où l'enfant lorrain tapait fort pour expédier son malaise. Elevé dans la Fensch Vallée, ce fils d'immigrés italiens tenait la batterie dans des groupes impulsifs (Bloc 96) pour suivre le chemin d'un grand frère musicien. Il a vu ensuite qu'on pouvait chanter en français sans pour autant perdre en hargne. Et même sous l'influence de ses récentes embellies, Zézé Mago garde du mouvement punk une philosophie de la spontanéité, qu'il expose tel un mantra: «Faire d'abord, voir ensuite.» «Etre mortel me ravit dans la mesure où cela procure un sentiment d'urgence.» Qu'importe alors qu'il écrive parfois des paroles naïves, demeure chez cet autodidacte l'envie de «canaliser le plus justement ses idées». Sans sacraliser la forme, il aspire à se prendre en main, communiquer, trouver des correspondances avec ses semblables. «Je ne dois pas être le seul à ressentir ces émotions. Alors, c'est peut-être bien d'en parler.»
Une année durant, il s'est isolé, mis «en quarantaine», se