De l'éphémère théâtral, Emilie Valantin avait imaginé l'expression la plus radicale en présentant en 1996 au festival d'Avignon un Cid interprété par des marionnettes de glace. Tout au long de la représentation, sous l'effet conjugué des projecteurs et de la nuit d'été provençale, les personnages fondaient jusqu'à perdre en scène têtes ou membres. Au salut, les spectateurs applaudissaient des presque flaques d'eau. Amoureuse de recherche et de paradoxes (l'une ne va pas sans les autres), Emilie Valantin qui, en vingt-cinq ans, avec son théâtre du Fust installé à Montélimar, a tout exploré de l'art des marionnettes, signait l'un de ses spectacles les plus mémorables. Soucieuse de forer plus profond, elle est partie il y a deux ans au Mexique. Invitée de l'Alliance française de Monterrey, elle a réalisé dans le patio du musée d'Art contemporain de la ville un autre spectacle avec des personnages de glace, adapté d'un texte de Baltasar Gracián, auteur du XVIIe siècle espagnol, où l'on trouve l'histoire d'un criminel enseveli dans une fosse avec des bêtes monstrueuses.
Dictateur. Du Mexique, elle est revenue avec en tête un nouveau projet, librement inspiré de Gracián. Et comme Emilie Valantin est du genre butineuse, bien d'autres histoires et personnages sont venus nourrir ce travail. Ainsi, sur la scène de la salle Gémier à Chaillot où elle présente son Homme mauvais, l'on retrouve une famille l'Irremplaçable, sa femme et son fils liée de près à celle du dictateur Slobodan