«Un dieu s'amusant à faire l'amour tandis que les hommes font la guerre, et se glissant au lit d'une honnête femme sous l'apparence du mari qui est au front; l'arrivée du permissionnaire qui salue sa femme avec empressement et l'invite au plaisir dans le moment qu'elle vient d'en être rassasiée; les quiproquos grotesques ou les jeux cruels qui s'ensuivent...» Ces trois phrases lancent la préface à Amphitryon écrite par Copeau qui savait ténue la frontière entre vaudeville et tragédie, et comment l'auteur du Tartuffe qui venait d'être censuré, alla chercher chez Plaute une figure d'imposteur descendu du ciel, l'année même où le Roi-Soleil, en secret, entamait sa liaison avec madame de Montespan.
Le prologue d'Amphitryon fait apparaître une figure dénommée la Nuit. Le scénographe Charles Marty a conçu pour cette première «séquence» un ciel et un sol d'un seul tenant tout étoilé. Ici l'idée du nocturne, fût-il éclairé par la clarté blanche des étoiles et de la lune, sera décliné tout du long, du noir grisé des cauchemars au bleu nuit où Mercure, valet de Jupiter, bastonne son double Sosie, lui-même amoureux de Cléanthis. Le couple Sosie-Cléanthis s'offrant en miroir du duo des jeunes mariés: Amphitryon-Alcmène.
Etre doublé. L'onirisme d'un univers ombreux propre aux confusions et propice aux transports amoureux a été voulu par le metteur en scène Stuart Seide: à ses yeux, l'entrelacs de liens se nouant, et sinuant, entre divinités et êtres humains, hommes et femmes, maîtres et se