L'Italie de Berlusconi a-t-elle oublié son passé fasciste? On peut se le demander quand on voit le mépris opposé à la demande de restitution de tableaux émanant d'une famille d'origine juive italienne. Les descendants de Federico Gentili di Giuseppe, qui a été, avant la guerre, chargé d'affaires de l'Italie à Paris, sont à la recherche de sa collection de peinture ancienne, dispersée après sa mort, à Drouot, le 23 avril 1941. Ils ont déjà obtenu, entre autres, la restitution de deux Tiepolo, du Louvre et de la Gemäldegalerie de Berlin, et d'un tableau du musée des Beaux-Arts de Lyon. Des arrangements ont été conclus avec ceux de Strasbourg et de Chicago, qui souhaitaient conserver les oeuvres revendiquées dans leur collection.
En revanche, la pinacothèque Brera, de Milan, et le ministère italien de la Culture font la sourde oreille aux revendications. Le musée possède deux peintures de la Renaissance provenant de la collection mise à l'encan sous l'occupation allemande. Un Christ portant sa croix, de Girolamo Romanino, apparaît sous le numéro 67. Ce grand tableau (82 cm x 73) avait été adjugé pour 11 100 francs de l'époque à la galerie parisienne Lemar. Quand il l'a acheté, en 1998, auprès d'un collectionneur milanais, le musée pouvait difficilement en ignorer l'origine, puisque la collection Gentili était mentionnée dans le catalogue raisonné du peintre, publié quatre ans plus tôt par Alessandro Nova.
Dispersion. La pinacothèque détient aussi une Vierge à l'enfant du Milanais