Menu
Libération
Critique

«Petites Misères» paie sa dette.

Article réservé aux abonnés
publié le 6 février 2002 à 22h02

La lecture des notes d'intention est toujours riche d'enseignement. Celle rédigée par les deux auteurs belges de Petites Misères déclare tout de go qu'ils se sont inspirés de deux tableaux, deux «approches décalées de la réalité», l'Empire des lumières de Magritte et la Chute d'Icare de Breughel. ça bouge dur dans leur tête... Par ailleurs fan des frères Coen, le duo a placé cette comédie sociale douce-amère sous le signe d'une ironie, heu... décalée. Et en effet, les personnages ont l'air de marcher sérieusement à côté de leurs pompes. Jean (Albert Dupontel), huissier, déraille tranquillement au gré des saisies sur biens qu'il pratique à longueur de journée. Sa femme, Nicole (Marie Trintignant) meuble son ennui existentiel en faisant du lèche-vitrines et en craquant pour toutes sortes d'objets inutiles, lampes, télés, etc. Le film fonctionne au montage parallèle de leurs emplois du temps antagoniques et complémentaires: l'un vide les lieux, l'autre les remplit.

Le film est une parabole sur la société de consommation dans toute l'horreur calme des grandes surfaces, des publicités attrape-couillons omniprésentes et des consommateurs criblés de dettes. Ce qui arrive aux personnages n'étant pas spécialement drôle et les gags tournant la plupart du temps à la débandade sinistre posent le problème, plus crucial encore que celui de l'aliénation dans nos sociétés nanties, du film comique à message, voire protestataire à la Coline Serreau. La bonne volonté des deux cinéastes n'est pa