En haut des marches, Matisse attend. Prosaïquement, ce sont cinq tableaux tout frais entrés dans la collection du Musée national d'Art moderne, devant lesquels on débarque en direct au sortir de l'escalator menant au 5e niveau du centre Pompidou. Ces tableaux composent la dation acceptée par l'Etat en paiement des droits de succession de Marie Matisse (1914-1999), veuve de Jean Matisse et belle-fille de l'artiste (Henri Matisse: 1869-1954). Ce n'est pas la première fois que le Musée national d'Art moderne enrichit ainsi sa collection. En 1983 une dation (avec la Porte-Fenêtre à Collioure 1914) venait apporter quelque apaisement à l'incurie des conservateurs du début du XXe siècle, qui se révélèrent bien incapables d'acheter de l'art contemporain et laissèrent les collectionneurs américains et russes agrémenter bientôt des chefs-d'oeuvre de Matisse le Musée d'Art moderne de New York et l'Ermitage de Saint-Pétersbourg. D'où l'intérêt de ces tableaux, provenant de l'atelier de l'artiste (il les garda pour lui) et qui s'écartent légèrement de la route toute tracée des tableaux-monstres-sacrés.
Couvrant une large période dans la carrière du peintre (1900 pour le premier, 1944 pour le dernier), les cinq oeuvres sont exposées suivant un déroulé non chronologique. La première est le Pont Saint-Michel, 1900-1901, l'une des vues de la Seine peintes de la fenêtre de l'atelier de Matisse au 19, quai Saint-Michel (Paris). Cette vue se déplie très concrètement devant les yeux, qui s'arrête