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Libération
Interview

«Il faut sortir la danse africaine du moule folklorique»

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publié le 7 février 2002 à 22h02

Interprète inoubliable chez Mathilde Monnier, fondateur avec Seydou Boro de la compagnie Salia nï Seydou, le Burkinabé Salia Sanou, directeur artistique des 4e Rencontres chorégraphiques de l'Afrique et de l'océan Indien, milite pour une danse sans étiquette et pour la création d'un centre chorégraphique à Ouagadougou.

Qu'est-ce qui peut expliquer cet essor des créateurs sur le continent africain?

Des échanges artistiques entre l'Afrique et le reste du monde ont offert à de jeunes danseurs africains des possibilités de con fron tation, même si cela reste confidentiel. Il y a surtout une prise de conscience chez cette nouvelle génération qui veut s'exprimer sur des questions simples et dures du quotidien, dire qu'on existe et qu'on peut être capable de quelque chose, par exemple de sortir la danse africaine du moule folklorique dans lequel elle est encore souvent confinée.

Vous-même avez travaillé au Centre chorégraphique de Montpellier. Considérez-vous que les créateurs africains peuvent aujourd'hui se passer des échanges avec l'étranger?

Aucun créateur ne peut se passer du regard, de l'écoute et de la critique d'autrui. Du reste, avec ces chamboulements mondiaux, il est de plus en plus évident qu'on peut même être étranger chez soi... En voulant tout canaliser et codifier, en voulant que les danseurs convergent dans la même direction et en se référant à la seule source traditionnelle, on se limite. On ne prend pas en compte l'immense potentiel et les contrastes de mode de vie e