La tendance semble imparable: Après le jazz et les musiques du Brésil, au tour du tango avec Gotan Project de subir le traitement électronique. On peut aussi retourner la proposition: le tango argentin, né d'un métissage il y a plus d'un siècle, a toujours fasciné les artistes venus des sphères les plus diverses: le jazz (Gerry Mulligan avec Astor Piazzolla, Evan Lurie, Michel Portal), le classique (Yo-Yo Ma, Gidon Kremer, Kronos Quartet), voire le disco (Grace Jones) ou la chanson française (Guy Marchand, Jean Guidoni). Il séduit aujourd'hui la galaxie électro.
La voix du «Che». Gotan Project est né de la rencontre, vers 1995, de deux adeptes de l'électronique et d'un chanteur et guitariste argentin. Philippe Cohen-Solal et Christoph H. Müller avaient lancé Boys of Brazil, mariage des rythmes du Brésil avec l'ordinateur. Eduardo Makaroff, jadis pionnier du rock dans son pays, avait créé à Paris Mano a Mano, un duo qui relevait déjà d'une fusion: tango et dérision. Le trio commence à travailler sur un titre, Vuelvo al Sur, la chanson du film Tangos, l'exil de Gardel, composée par Astor Piazzolla, rénovateur du genre et référence. Avec une démarche originale: «Nous partons d'un thème, explique Eduardo Makaroff, que nous avons choisi ou composé. Nous invitons des musiciens à le jouer, puis à broder autour. Nous travaillons uniquement sur cette matière première, il n'y a pas de samples extérieurs.» Des musiciens aussi réputés que Gustavo Beytelmann au piano ou Nini Flores au ban