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Libération
Critique

St Thomas, cow-boy au débotté.

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publié le 9 février 2002 à 22h09

St Thomas n'est pas une icône. Ou alors d'un genre profane, avec un Stetson vissé sur le front et un crâne de vache en arrière-plan. I'm Coming Home, deuxième véritable album de l'inconnu, porte dans ses valises la panoplie entière du cow-boy mi-dur mi-gauche dont l'autodérision est à la mesure de la gravité et du dépouillement de la plupart des titres: un folk déroulé au ras du plancher, lent comme une chique, juste épicé d'une voix suraiguë de bonhomme craignant le froid.

Filles et forêts. «Je n'ai jamais vu un cow-boy jusque-là/Jamais raconté une histoire si triste/Chérie, regarde-moi/Je suis prêt pour le coup de grâce» (The Cool Song): I'm Coming Home est un chemin de croix peuplé de silhouettes bancales, un manifeste pour loosers, détaillé sur trois cordes. St Thomas y est taxidermiste du quotidien, inscrivant au coeur de textes simples des histoires de filles mal mariées, de bouteilles vides et de forêts parcourues en lisière. Comme tiré du lit par un James Lee Burke à jeun, ce cow-boy fan de «zydéco», réminiscence directe du Neil Young d'Harvest et de Lou Barlow période Sebadoh, prend à contre-pied la scène électronique nordique et les congères d'une pop d'Eurovision pour seller son cheval famélique.

«Il y a cinq ans, j'ai écouté pour la première fois Either/Or d'Elliott Smith. Je suis allé au coin de ma rue et j'ai acheté ma première guitare. Je ne connais rien à la composition et n'ai jamais réussi à lire une partition ou à faire une reprise. La seule chose dont je so