Le Caire de notre correspondante
La gamine sourit à l'objectif et se dandine pour ne pas glisser de la statue sur laquelle elle a grimpé: Mykérinos lui-même, bâtisseur de la troisième pyramide du plateau de Guizeh. Un original en albâtre, vieux de 4 000 ans. Un éclair de flash plus tard, elle redescend tranquillement, sans craindre les gardiens occupés à discuter. Dans la salle voisine, un couple de Français, le nez dans un guide, s'exaspère de ne pouvoir se repérer dans le dédale de pièces. Une famille d'Egyptiens en galabeyya traditionnelle parcourt avec timidité les grands couloirs. Voilée de noir jusqu'aux yeux, la silhouette furtive de l'épouse a quelque chose d'un Belphégor glissant au milieu de salles mal éclairées. Derrière les vitrines maculées de traces de doigts ou oubliés en haut d'une étagère, des milliers d'amulettes, de statuettes, de momies, d'objets pharaoniques de toutes sortes dorment sous un linceul de poussière. Un rapide sondage à la sortie des lieux donne le ton. Au choix, le visiteur trouve le musée du Caire «hallucinant», «bordélique», «moche», «mal entretenu» ou, au contraire, «plein de charme désuet», «attachant», «extrêmement riche». Il est tout cela à la fois.
Construction. Inauguré en 1902 en plein coeur de la capitale d'Egypte, le musée des Antiquités égyptiennes est l'un des plus visités au monde. Tout juste centenaire, il attire chaque année plus de 2,5 millions de personnes. Effrayés devant l'accumulation de pièces exposées, la plupart des tou