Roman réputé inadaptable, le Stade de Wimbledon de Daniele Del Giudice se présente sous la forme d'une enquête sur un écrivain qui n'a pas écrit, un homme d'édition dans la ville de Trieste, supérieurement intelligent mais pour qui il n'est pas de meilleur usage de la littérature que de ne pas soi-même en user, en s'excluant volontairement du cercle des écrivains pour se contenter de les servir ou plutôt de servir leurs oeuvres.
Palimpseste. Le thème, finalement assez romantique, du non-texte et de l'écriture impossible est devenu devant la caméra de Mathieu Amalric un film vif aux trousses de Jeanne Balibar, quatre jours à Trieste aux quatre saisons et deux jours à Londres pour atteindre à l'extase déceptive, le stade final où tout se résorbe et rien n'est résolu: Wimbledon Park.
La jeune femme, élégante, débarque pour la première fois dans le fameux port de l'Adriatique, confluent culturel avec ses habitants slovènes, italiens, autrichiens, yougoslaves. Elle va de bibliothèque en cafés, réunit les indices sur cet homme, Bobi Vohler, altièrement mystérieux. Elle retrouve les proches: ancienne maîtresse, amis qui parlent par fragments de souvenirs, toujours flous, souvent contradictoires. Tel un palimpseste, texte second se substituant au premier, le film semble peu à peu effacer, en le recouvrant par ses propres images, cet autre récit à peine plus véridique de la vie de cet anti-héros. Le corps de Jeanne Balibar, son visage écarquillé, la lumière changeante sur la ville magn