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Libération

Hollywood Sunrise.

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par BAYON
publié le 13 février 2002 à 22h13

La grande scène du deux se présente aux trois quarts; c'est une scène de ménage. Un couple roule limousine, cocotte-minute domestique idéale, devisant sensuellement après un coït roboratif, en route pour dîner. Quel restaurant plairait-il à Darlene, demande gentiment Eddie? Le chinois? ­ Parfait pour Darlene. Un temps. ­ Ou alors, le petit restau français? ­ D'accord, dit-elle en se repomponnant. Un temps. ­ Lequel tu préférerais? ­ Les deux me vont; je meurs de faim. Un temps. ­ Quand même, ce n'est pas pareil... commence à insister Eddie. Un chinois et un français, ça n'a rien à voir. Tu dois bien faire une petite différence!... Etc. La machine infernale est en marche. Le lecteur connaît par expérience personnelle la suite honteuse. Qui est la criaillerie, les simagrées avec coup de frein surjoué en rase campagne, le petit linge sale qu'on se lance à la tête, toute la cuisine putride de l'amour, cette haine révulsée.

Sorti de là, Hollywood Sunrise est du «théâtre filmé», qui pourrait s'intituler «Bla-bla-bla» d'après la formule ponctuant le tunnel de charabia existentialo-métaphysique plus ou moins distancié qui fait la matière de la chose, comme de Tennessee Williams, Shakespeare ou consorts dramatiques.

Les acteurs tenant la scène ­ en l'occurrence le décor d'une villa de Bel Air ­ sont de qualité. Sean Penn, en marge de son I Am Sam saisonnier, fume et biberonne comme il déclame et sniffe (tout du long). Yeux myxomatosés et cheveu teint, ce qui n'arrange pas sa moustachet