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Libération
Critique

Russel Crowe, professeur Nash en plein délire.

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publié le 13 février 2002 à 22h13

L'histoire du professeur John Forbes Nash Jr est sidérante. Il s'est avéré que ce mathématicien génial, inventeur de la «théorie des jeux» ­ dont on se gardera bien de résumer ici la teneur ­, souffrait de schizophrénie aiguë. C'est-à-dire que cet homme de science éminent était la proie de visions et de délires paranoïaques carabinés, qu'il s'est cru investi d'une mission gouvernementale pour détecter dans les articles de presse des codes ultrasophistiqués permettant à des terroristes de communiquer entre eux. Dans une volumineuse biographie, Sylvia Nasar brosse le portrait de cet énergumène que la folie a conduit en hôpital psychiatrique, tant il devenait impossible à sa femme de continuer à partager l'existence d'un homme pouvant se montrer d'une grande violence et qui, surtout, ne faisait plus du tout la part entre réalité et fantasmes. Nash, plus ou moins guéri, redémarrera sur le tard une nouvelle carrière professorale et décrochera le Nobel!

Epineux. Le scénariste Akiva Goldman, habitué à bosser avec Joel Schumacher (le Droit de tuer?, le Client), a tiré du livre de Sylvia Nasar un script où n'apparaissent plus certains aspects politiquement épineux du dossier Nash. La biographe, qui a depuis largement adoubé le film, évoquait en particulier les penchants homosexuels de Nash, ainsi que ses diatribes délirantes contre les juifs. Le film gomme donc ce que l'impayable Figaro Magazine nommait la semaine dernière dans ses colonnes «certains éléments peu reluisants du passé d