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Libération
Critique

Warhol sans faux pas.

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publié le 13 février 2002 à 22h13

Dans cet interminable hall en forme de cénotaphe monumental qu'est l'entrée de la nouvelle Tate, aucune signalétique, flèche fluorescente ou hôtesse ne sont là pour guider le visiteur qui débarque en quête de la rétrospective d'Andy Warhol. Mais deux semelles, de pointure non précisée, sont tracées à même le sol. Celle qui est peinte en noir contient la lettre R inscrite en blanc sur son talon. La blanche comporte un L. Il suffit en principe de poser ses propres souliers sur ces traces, le pied gauche sur le L de left et le droit sur le R de right. Et puis avancer jusqu'aux guichets où conduisent ces empreintes. Les contorsions auxquelles se livre l'aventurier en procédant de la sorte composent une danse d'allure saccadée, consistant en une marche en avant, en arrière ou sur le côté, coupée d'arrêts.

Les danseurs mondains auront reconnu le fox-trot. Ou peut-être s'agit-il du black-bottom ­ qui se danse aussi sur un rythme de fox-trot. Ou encore d'un one-step, qui s'exécute sur une musique à deux temps syncopée. La réponse se trouve à l'intérieur de l'exposition. Un grand tableau reprend, en les agrandissant, la paire de pieds en noir et blanc. A côté, une autre toile traite du même thème en l'explicitant avec des chiffres, des flèches et des tracés en pointillé. L'artiste invite ainsi son visiteur à entrer dans la danse.

Allers-retours. Les deux toiles sont datées de 1962, année capitale pour Warhol. Il a 34 ans et peint les premiers portraits de Marilyn Monroe qui vient de mo