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Libération

«Camel(s)», film coréen cousu main.

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publié le 14 février 2002 à 22h15

Berlin envoyé spécial

La tempête souffle sur Berlin, mais c'est le calme raplapla dans les salles. Sauf à affronter une tornade d'autant plus vive que rien ne l'annonçait: un film coréen présenté sous un titre qui n'engageait à rien, Camel(s), et réalisé par un inconnu, Park Ki-Yong. Or, Camel(s) est un film de cinéma. C'est-à-dire qu'il prend des risques aussi bien avec la narration qu'avec les images.

Couple. Un couple entre deux âges passe une nuit d'amour dans une station balnéaire à côté de Séoul. On fait leur connaissance comme ils se rencontrent: à l'aéroport. On les laisse, 92 minutes plus tard, comme ils se quittent: sur une autoroute. Entre-temps, on aura vécu avec eux au restaurant, dans un karaoké et dans une chambre d'hôtel. Le tout en noir et blanc, et en plans quasiment fixes. Eu égard au dressage instillé par la majorité des films ambiants, ces partis pris sont déjà des «audaces» bienfaisantes. D'autant que le réalisateur joue sans cesse avec nos nerfs de consommateurs im patients: les acteurs sont aussi sexy qu'une paire de tongs, la bande-son est surtout faite de bruits organiques et la durée tend sa corde jusqu'à se permettre un plan immobile de sept minutes sur deux nuques.

Comment prendre langue avec des personnages qui, la plupart du temps, ne parlent pas? Comment tenir en place devant une scène qui ne bouge pas? Mais Camel(s), parfait, nous fait voyager sans même qu'on s'en rende compte: ce faisant, il crée de l'inactuel, de l'intempestif. Le temps du fil