Menu
Libération

De l'usage de l'accrochage.

Article réservé aux abonnés
La disposition des tableaux influe sur la vision du visiteur.
publié le 14 février 2002 à 22h15

Selon que des tableaux sont placés à touche-touche ou isolés sur leur cimaise, le spectateur qui les observe ne verra pas la même chose. L'exposition de la Royal Academy a choisi la première option. Ce type d'accrochage s'adapte parfaitement à une vision historiciste. Les peintures s'agglutinent comme s'entassent les notes en bas de page d'un manuel universitaire. L'oeil a tendance à contrôler la pertinence des exem ples proposés alors que, devant une toile auréolée de vide, il aura plutôt envie d'entrer en contemplation. «Paris capital of the Arts» distribue les salles d'exposition comme les chapitres d'un livre. De ce point de vue, la lecture du catalogue est plus efficace que la visite du musée.

Tiré vers le bas. Deux autres inconvénients sont inhérents à cet accrochage. Le premier est rétinien, le second esthétique. Quand deux oeuvres sont juxtaposées, c'est toujours la plus faible qui tire la meilleure vers le bas. La loi du moindre effort isole le plus petit commun dénominateur et réduit donc la complexité du chef-d'oeuvre aux paramètres appauvrissants de la croûte.

L'inconvénient esthétique con siste, en utilisant les toiles comme simples documents, à laisser croire qu'elles se valent toutes, pourvu qu'elles traitent du même sujet. Fougeron et Picasso n'ont-ils pas tous les deux dénoncé les crimes du fascisme? Mais ils l'ont fait chacun à leur manière, ce qui, malheureusement pour le premier, fait toute la différence.

Illustration. En faisant de l'Histoire (avec un grand