Il aurait très bien pu devenir honorable jazzman comme son grand-père pianiste, adepte du boogie-woogie. Seulement c’était compter sans l’effet qu’allait provoquer chez lui l’audition, à 16 ans, d’un disque d’Harry Smith intitulé Anthology of American Folk Music. Une sorte de compilation académique de blues ruraux, thèmes folkeux et autres chansons hillbillies.
Né à New York, dans le quartier de Brooklyn, le 30 juin 1936, Dave Van Ronk, élevé aux sonorités swing et aux accents syncopés du ragtime, ignorait jusque-là l'existence d'un tel patrimoine musical. Séduit par celui-ci, il se plongeait aussitôt dans l'étude de la guitare acoustique, sous la direction de Tom Paley puis du révérend Gary Davis, prédicateur connu pour arpenter le bitume new-yorkais; avant de s'installer, dès la fin des années 1950, à Greenwich Village, où prospérait alors, via un réseau de coffee shops et de bistrots, un mouvement folk revival politisé (notamment indissociable du combat antiségrégationniste), dont l'une des figures majeures, la chanteuse afro-américaine Odetta, allait l'encourager à enregistrer son premier disque, en1959, Ballads, Blues and a Spiritual, sur le label Folkways.
Labo folky. S'imposant rapidement auprès d'un public essentiellement étudiant grâce à son jeu de guitare étincelant, sa voix puissante et son sens de la repartie, Dave Van Ronk ne tarde guère à transformer l'appartement de McDougal Street qu'il partage avec sa future épouse, Terri Thal, en espèce de laboratoire folky,