Berlin envoyé spécial
Les nouvelles vont leur train. Ainsi a-t-on appris que Traudl Junge, qui fut la secrétaire d'Hitler et à ce titre objet d'un documentaire présenté lundi à Berlin (Libération du 12 février), est morte avant-hier à Munich à l'âge de 81 ans. Mais le cinéma suit son cours, avec Amen de Costa-Gavras (en compétition), film inspiré de la pièce Der Stellvertreter de Rolf Horchhuth sur l'attitude du Vatican et du pape Pie XII pendant la dernière guerre. On craignait que, sur un sujet aussi «lourd», Costa-Gavras n'enfonce les clous avec la délicatesse d'un éléphant. Il n'en est rien et c'est une très belle surprise.
Tension. Le film s'accroche à deux personnages principaux: Kurt Gerstein (Ulrich Tukur, sensas'), ingénieur chimiste et officier SS, chargé d'approvisionner les camps d'extermination en zyklon B (utilisé dans les chambres à gaz) et qui, à l'intérieur du système nazi, tente d'éviter le pire au nom de sa foi de protestant. Et Ricardo (Mathieu Kassovitz, impec'), jeune jésuite italien de l'ambassade du Vatican à Berlin, qui se démène pour informer le pape sur la liquidation des juifs.
Gerstein a réellement existé. Ricardo est une invention. Tout le film est dans cette tension: maîtriser la fiction pour qu'elle ne parasite pas, voire disqualifie, la chronique; et inversement, rendre l'histoire réelle suffisamment romanesque. On sait que sur la question de l'extermination des juifs, ces dernières années le cinéma a été prolixe: deux fictions faisaient d'énorm