Il y a dix ans, la création de Bal masqué de Lermontov dans la mise en scène du Russe Anatoli Vassiliev avait ébranlé la Comédie-Française et dérouté une bonne part de la critique («Accident chez Molière», titrait le Monde; «Un ennui mortel», jugeait bêtement le Figaro). La création, ce soir, d'Amphitryon de Molière dans la maison d'icelui par le même Vassiliev risque à son tour de secouer quelques cocotiers. Non que Vassiliev soit un provocateur, mais parce que sa démarche et son exigence explorent toujours plus avant les tréfonds du geste théâtral.
En décembre à Paris, Vassiliev a fait le point sur sa démarche. Il a parlé de Maria Knebel, une élève de Stanislavski qui fut sa professeure: «Elle a écrit un très beau livre, le Mot dans la création théâtrale, autrement dit, la parole comme action. Je me suis heurté à ce problème. Et j'ai compris que je devais le résoudre, c'était comme un mur qui se dressait devant moi.» Un gigantesque chantier ouvert à Moscou, dont le cheminement s'apparente à la démarche d'un chimiste cherchant la bonne formule (Vassiliev a d'ailleurs une formation de chimiste).
Mélodie et sens.