Chaque livraison, obsessionnelle et méticuleuse, de Boards of Canada fait ressurgir un peu de l'époque où la scène électronique produisait des énigmes à la chaîne. Le temps des Black Dog et des Maurizio sans visage, héros techno anonymes qui refusaient tous clichés et fuyaient les médias plus vite que Dodi et Lady Di. Plus personne ne joue ce jeu aujourd'hui. Dernière rumeur en date, Isolée s'est rapidement incarné sous les traits de Rajko Müller, adorable étudiant en langue de Francfort parlant français comme vous et moi. Quant à Aphex Twin, il y a longtemps que ses manières d'antistar sont devenues aussi embarrassantes que les simagrées de pop star.
Reste Boards of Canada. Duo anonyme mais pas vraiment secret, captivant malgré un charisme à la hauteur d'un plat de rutabaga vapeur. Pour ce nouvel album au titre d'île mystérieuse et de carte au trésor, Geogaddi, Marcus Eoin et Michael Sandison ont refusé de rencontrer les journalistes, préférant répondre par e-mail depuis le petit village où ils vivent «séparément», près d'Edimbourgh en Ecosse. Le disque lui-même n'est parvenu à la presse que dans les tout derniers jours avant parution. Une façon de faire monter la pression autour d'un album attendu depuis plus de quatre ans par des fans discrets mais de plus en plus nombreux? «Nous méprisons ce genre de stratégie, autant que les artistes de salon qui préfèrent se pavaner dans les magazines plutôt que de travailler en studio. Nous nous tenons soigneusement à l'écart de ce mon