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Libération
Critique

Epier, bon oeil.

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publié le 18 février 2002 à 22h18

Ils sont là, mis en scène (à l'intérieur d'un mirador surbaissé pour atteindre les yeux des visiteurs, même de petite taille): les quelques dessins figurant le Panopticon, 1787-91, de Jeremy Bentham (philosophe anglais, 1748-1832). C'est normal, l'exposition prend son point de départ avec cette proposition architecturale du temps des Lumières. Une prison modèle. Bentham avait imaginé une structure circulaire, chaque cellule individuelle pouvant être vue depuis une tour d'observation centrale, sans que l'intérieur de celle-ci soit visible par les prisonniers, de telle façon qu'ils se sentent regardés, même en l'absence de toute personne pour le faire. Cette structure carcérale idéale du point de vue du surveillant est devenue, grâce à Michel Foucault (Surveiller et punir: naissance de la prison, 1975), un modèle pour comprendre comment s'établit le pouvoir dans les «sociétés disciplinaires». A distance. Par cet oeil central, centrifuge.

«Bauhaus du numérique». De cette première proposition où le contrôle des individus s'exerce grâce à une architecture idoine, aux multiples manifestations actuelles de la surveillance, du satellite à la webcam, il y a quelques fils visuels à tirer. L'exposition est organisée dans un des grands centres multimédia du monde occidental (le ZKM de Karlsruhe: Bauhaus du numérique, comme les responsables aiment à le surnommer), par un professeur à l'université de Princeton, Thomas Y. Levin. Celui-ci a recherché, de par le monde, toutes les données actu