(De nos archives). Le 19 février 2002, Libération rendait compte d'une exposition Carven, dans laquelle des figures de la mode telles qu'Olivier Saillard ou Didier Grumbach, rendaient hommage à la fondatrice de la marque, «une fille furieusement dans le coup». Madame Carven est décédée le 8 juin 2015 à Paris.
Silhouettes espiègles
De madame Carven, la postérité s'apprêtait à ne garder que quelques souvenirs tartignoles: l'uniforme circa 70 des pervenches de la préfecture de police, la robe de mariage de madame Valéry Giscard d'Estaing. Pas grand-chose à vrai dire.
Et pourtant, l'exposition du palais Galliera s'avère aussi surprenante que réjouissante. Reléguant, sur des moniteurs vidéos, les collections récentes (exemplaires de ce que la haute couture peut avoir de plus rance), la présentation évite l'écueil d'une rétrospective.
Le parti pris salvateur, c'est de n'avoir retenu que le meilleur de Carven: ses débuts de 45 à 55. Un travail depuis longtemps tombé aux oubliettes de l'histoire du costume. Si aucun vêtement n'a véritablement fait date, les 90 modèles présentés évoquent avec grâce l'insouciance de l'après-guerre. Petites robes pimpantes et tenues d'après-midi exultent une joie de vivre retrouvée; les silhouettes espiègles rappellent celles des poupées de Peynet.
C'est parce qu'elle se trouvait trop petite que Carmen de Tommaso décida de créer ses propres tenues. A la façon, aujourd'hui, d'une Stella McCartney, elle dessinait les vêtements qu'elle avait envi