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Libération
Critique

Noir c'est noir.

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publié le 21 février 2002 à 22h20

Il faut déjà se farcir le titre: «We Must Eat our Suckers With the Wrapper on... [On doit manger nos sucettes avec l'emballage].» Une fois avalée l'expression, empruntée à un adage des townships de Johannesburg, on s'attend à un spectacle assez déjanté, volontairement à l'emporte-pièce, comme la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin nous en a déjà proposés avec Daddy I've seen this piece six times before and I still don't know why they are hurting each other [Papa, j'ai déjà vu la pièce six fois et je ne comprends toujours pas pourquoi ils se battent.] Mais non, comme le sujet est grave (le silence autour du sida en Afrique du Sud, où le nombre de contaminés s'élèverait à 4,7 millions, soit un habitant sur 9), le spectacle l'est aussi. Avec un message simpliste jusqu'au sermon: «Mon heure est venue, ton heure viendra, mets un préservatif.»

Malaise. Même si tout est pavé de bonnes intentions, on a une réelle sensation de malaise. Le côté grand-messe, avec chants a cappella (fort beaux d'ailleurs), prêches et images qui déforment les corps, fait basculer le propos du militantisme vers une sorte de patronage. C'est triste et solennel comme les ampoules nues et rouges qui descendent des cintres au-dessus de la scène, mais aussi de la salle. Oui! Nous sommes tous concernés. Mais pas forcément d'accord sur la formulation. Devant le refrain de certains blues: «Ce n'est pas ton problème si elle couche avec tout le monde, c'est la question», on s'interroge. Robyn Orlin fait-elle la mo