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Libération
Critique

Silvain Vanot, ni vain ni sot.

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L'éternel décalé sort un cinquième album, enfin serein.
publié le 21 février 2002 à 22h20

«Je suis heureux il fait soleil... et pourtant», chante Silvain Vanot en ouverture de son nouvel album. Tout est dans la nuance. Ces mots, empruntés à Jean-Roger Caussimon, le camarade de Ferré, lui vont bien... et pourtant. La présence de l'adverbe, «marquant l'opposition entre deux choses qui restent liées», précise le dictionnaire, résume les contradictions du chanteur et de son album. Ce disque décisif à l'inspiration moelleuse, son plus serein et abouti à ce jour, mériterait de lui épargner l'embarrassant statut de chanteur minoritaire, au dossier de presse plus fourni que ses relevés Sacem. Et pourtant, rien n'est jamais simple avec Vanot: il fait encore une fois la tête sur la peu engageante pochette countrysante de l'album. Posant en morne Dylan normand, guitare sur la cuisse et panier à bois sous la fenêtre de la maison de campagne.

Rebrousse-poil. De la génération des Miossec, Tiersen, Dominique A, entre rock et chanson, Vanot est sans doute le plus soutenu (par la presse mais aussi par Souchon ou Murat) et le plus mal aimé. Sa trogne frisée faussement bougonne, ses premiers concerts à rebrousse-poil, sa réserve ombrageuse malgré l'humour passent mal. «La grâce de guingois», écrivait Libération en 1998. Tout ça n'est plus d'actualité avec cet album affiné, aux effets discrets, qui exsude un humble sentiment d'accord et de plénitude.

Pourtant sa gestation, quand bien même fût-elle heureuse, a connu des soubresauts. Même l'arrivée d'un nouveau Vanot ne va pas de soi qu