Chuck Jones, le dernier des grands ténors warnériens du cartoon hollywoodien, né (Charles M. Jones) à Spokane dans l'Etat de Washington, est décédé à 89 ans, chez lui en Californie, suite à des complications cardiaques. Formé au Chouinard Art Institute, il exerça divers métiers au moment de la dépression économique (marin, portraitiste, cow-boy, marionnettiste), avec des emplois subalternes dans divers studios avant de rejoindre, des décennies durant, les rangs du département animation de la Warner Bros., où, déclarait-il, en 1988, dans Libération, «faute d'avoir le temps d'expérimenter comme chez Disney, on oeuvrait à la cadence d'un film toutes les cinq semaines». C'est là qu'il grimpa rapidement les échelons (tant dans la création que dans la dynamisation des personnages et dans la mise en scène) aux côtés de Tex Avery, Bob Clampett, Friz Freleg, Bob Cannon, entre autres catalyseurs de Bugs Bunny (qui fut une création collective, au même titre que Daffy Duck, Porky Pig, Elmer Fudd, Yosemit Sam...). Sans oublier Mel Blanc («l'homme aux mille voix» qui vocalisa la plupart des vedettes maison), le musicien Carl Stalling ou moult maquettistes et cartoonistes, comme Frank Tashlin (dit «Tish Tash»).
Mais c'est sans conteste le marathonien Chuck Jones qui fit la plus longue carrière à la Warner, des années 30 aux années 60, avec une dizaine de cartoons annuels. S'il donna les meilleurs rôles au lapin lunatique (pastichant Brunehilde dans What's Opera Doc, 1957), au canard dingue